mardi, janvier 03, 2006

TEXTE

Je peins à l'aquarelle à partir de clichés pris au vif dans des lieux publics, ceux du quotidien que l'on ne voit plus, ceux où l'on s'observe, où l'on s'oublie. 
Des intimités coexistent le temps d'un trajet, d'une file d'attente, des regards se croisent, vides, ou s'accrochent sur une plage, dans un parc... 
 Pendant plusieurs années, j'ai réalisé de nombreux portraits à taille réelle, d'après modèles vivants. Cette approche m'a beaucoup aidé dans mon travail actuel, pour rendre un regard, capter un visage. 
Un caractère à la fois particulier et général se dégage de ces figures, spectres de mémoire, la disparition devient apparition et l'anonymat connaissance. Ces scènes peuvent paraître bruyantes de prime abord, mais ce sont toujours des peintures de la retenue. 
 Les cadrages rapprochés perturbent une lecture évidente de la mise en scène, laissant à l'oeil la liberté de déambuler vers des champs plus abstraits. L'utilisation de très grands formats déroute un spectateur habitué aux classiques apparitions de ce médium.
 La fluidité de l'aquarelle se prête bien à ces jeux et le support papier devient masses de blancs à gérer. Petit à petit, la mise en scène est moins importante, le sujet disparait laissant place à l'image. Les dysfonctionnements d'un tirage numérique, le raté d'une trame, d'un « bougé », ou encore, un accident d'imprimante, deviennent le champ d'expérimentations nouvelles. Le médium aquarelle est voilé par une application mécanique au rouleau, l'intrusion d'une bande à l'aspect brillant (usage de colle) , la description est brouillée par le cadrage, ou la présence intempestive d' une poussière juste devant l'objectif, indéfinissable. 
 Le balayage de la lumière ne laisse plus que la trace d'un passage, la survivance d'un regard dans la nuit d'un paysage. 
 Impression de la tête ou tête d'impression, en profondeur, au gré du vent, la buse, ses couleurs, machinalement ont fait du tort à l'alignement. 

Anna Gaume

2 Comments:

Blogger bart said...

me voici visiteur de ton blog. J'ai aimé revoir tes aquarelles qui me touchent beaucoup. Comme une vérité du réel intouchable en vrai, qui nous échappe. On plonge dans un espace temps figé, des souvenirs brûlés par la clarté de leur lumiére...ça m'évoque tant de choses. c'est vraiment exceptionnel. Je te laisse mon mail, tu pourra me tenir au courant de tes expos? bises, j'ai été ravi de revoir.
bart : bart-a@hotmail.fr

dimanche, 07 septembre, 2008  
Blogger anna said...

Merci Barth

mercredi, 23 décembre, 2020  

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