jeudi, janvier 19, 2006

PORTRAITS D'APRES NATURE, TAILLE REELLE (DIPLOME BEAUX ARTS)




Alexandra
 Aquarelle sur papier
208 x 138,5 cm 
2001


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Laurent 
Aquarelle sur papier
190 x 146 cm
 2001


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Charlotte 
Aquarelle sur papier
210 x 135 cm 
2001


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Christophe 
Aquarelle sur papier
 91x 70 cm
 2001


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Benoît 
Aquarelle sur papier
 236 x 118 cm 
2001


Julie 
Aquarelle sur papier
 165 x 146 cm
 2001


Martial 
Aquarelle sur papier
190 x 135 cm 
2002

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Jeanne 
Aquarelle sur papier
192 x 81 cm 
2002

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Sabine 
Aquarelle sur papier
210 x 143 cm 
2003

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VUE D'EXPO



St Etienne, 
novembre 2002
 Snüg





Eric Manguelin


RENCONTRE N°23: Jacques Barry, Francis Tuzet, Gisèle Jacquemet, Anna Gaume 

LEGERETE, SUSPENSION

Jean-Pierre Huguet, Editeur Rencontre du 14 juin 2003 Tu exécutes de portraits de plain-pied et de face, où tu demande à ton modèle de poser comme il veut. Tu le peins à l’aquarelle. Le visage est beaucoup plus détaillé que le reste : la bouche, le nez, les yeux sont à chaque fois plus travaillés, et du coup plus présents, plus réels. C’est ce que tu veux mettre en valeur, le reste semblant donné comme une simple indication. Tu peins le corps entier, ce qui donne à l’ensemble une grande verticalité, crée une pesanteur et ramène ces personnages à leur condition d’êtres humains. Ils posent ici non pas nus, mais à nu, et semblent porter l’humanité dans ce qu’elle a de plus fragile. C’est l’isolement dans lequel il se tiennent qui les rend fragiles, mais ils s’imposent au demeurant à nous par cette fragilité même.





Tu ne veux pas rendre une réalité sociologique et psychologique de ces personnages. Ils n’en sont pas pour autant fictifs, bien qu’ils portent une dimension irréelle, sans doute par l’effet de suspension que donne aux tableaux l’omniprésence du blanc. Le silence y règne, et l’on n’imagine même pas qu’un exposition de ces travaux puisse souffrir une musique d’accompagnement. C’est en effet l’omniprésence du blanc, à la fois comme fond du tableau et comme élément de circulation tant entre les corps et le fond, qu’à l’intérieur des corps, qui évoque à ce point le silence, et par là la fragilité de ces personnages et de l’homme en général. Même le support plastique, fait d’un papier aquarelle tenu par quatre clous apparaît comme fragile. Tu veux capter des instants d’oubli de soi de ces personnages, où ils se murent dans leurs pensées et en oublient qu’ils posent. Tu proposes ainsi un peinture du “ sans “, plutôt que du “ contre “ ou du “ avec “ : ces personnages sont ainsi plutôt sans voix que muets, et sans mouvement que figés. On ne les imagine pas nous raconter leur vie, ni rentrer en communication avec eux. Ils baignent en effet dans un face à face avec eux-mêmes plutôt qu’avec nous, et demeurent en eux-mêmes, lointains, silencieux. Ils ne se placent pas dans un va-et-vient, un effet d’apparition-disparition, qui porterait une transition, un passage, mais au contraire dans une position d’arrêt, comme s’ils étaient figés dans ou bien devant la glace, tant comme élément solide que comme miroir. Du coup, on a envie d’aller vers eux, pour les tirer de leur mutisme et de leur isolement.

Ton tour de force est de les rendre à la fois expressifs et non-expressifs, doux et durs, lourds et légers, simples et complexes, distants et charnels, présents et absents, distanciés et dans l’attente, attachants et détachés, sympatiques et antipathiques, sensibles et impassibles, universels et particuliers, évidents mais ne s’imposant pas. Tu maries ainsi avev finesse les contraires : c’est là toute la pertinence et l’originalité de ton travail. Et c’est par conséquent non pas un “ ni, ni “, voire un “ mi, mi “, mais un “ et, et “, que tu poses dans ces travaux.



Eric Manguelin